J – 5 jours avant de prendre le départ des 100 Miles Sud de France avec ses mensurations impressionnantes : 170 kilomètres à parcourir entre SuperBolquère (Font-Romeu) et Argelès-sur-mer pour 8500 mètres de dénivelé positif et 10500 mètres de dénivelé négatif.
Le parcours emprunte le GR10 sur sa majeure partie. Nombreux sont les randonneurs à venir découvrir cette traversée des Pyrénées Orientales d’ouest en est qu’ils bouclent habituellement en 10 jours. Il me faudra atteindre la Méditerranée en moins de 48 heures si je veux être classé …
J’ai regroupé ici les principales questions que l’on me pose ces derniers temps et je vais tenter d’y répondre …
C’est quand le départ ?
Ce sera vendredi 4 octobre à 10h et il me faudra arriver avant dimanche 6 octobre à 10h.
Vous serez combien ?
Nous sommes 234 inscrits. Aucun touriste parmi nous : chacun devait justifier à l’inscription d’avoir terminé un trail de 80km et 4000 mètres D+ dans les deux dernières années.
Quel est le détail du parcours ?
Vous avez tout le détail ici : https://100miles-suddefrance.tracedetrail.fr/fr/orga2/trace/97460.
En résumé, le parcours se découpe en 4 parties quasi égales :
- SuperBolquère – Vernet les Bains : le passage le plus difficile tout en montagne russe avec notamment le passage des Gorges de la Carança dès le 30e kilomètre. De quoi flinguer les cuisses dès le début. Il faudra faire preuve de doigté et franchir les obstacles avec beaucoup de délicatesse pour ne pas y laisser trop de plumes.
- Vernet les Bains – Arles sur Tech : On enchaine de nuit avec la plus grosse côte à gravir : 1500m de D+ pour rejoindre le refuge des Cortalets avec l’escalade du col de Volte et son interminable série de lacets en forêt pour tutoyer le Canigou seulement 500 mètres plus haut . La deuxième partie est plus douce pour les cuisses mais pas plus roulante : ce n’est pas encore là qu’on pourra se reposer – la première nuit va être longue et intense.
- Arles sur Tech – Le Perthus : deuxième journée avec encore des racines et des cailloux jusqu’au sommet de Roc de France au 110e kilomètre sur la frontière espagnole. La suite est beaucoup plus roulante pour rejoindre le Perthus avec une jolie visite du Fort de Bellegarde au passage.
- Le Perthus – Argelès sur mer : changement de difficulté puisque ce sont de longues lignes droites monotones qui vont nous attendre pour basculer dans la 2e nuit. Et au passage deux descentes dantesques à faire en nocturne, dont une de 1000 mètres tout droit dans les rochers. Il vaudra mieux avoir encore de la lucidité et des cuisses prêtes à répondre.
On peut te suivre en live ?
Oui, le live est ici : https://www.livetrack.me/fr/evenement/100-miles-sud-de-france/edition/utfr-2019/course/utfr-2019-100-miles
Je serai enregistré sur environ vingt points de contrôle et mon heure de passage sera mis à jour en temps réel sur le site.
Je ne connais pas encore mon numéro de dossard …
Est-ce que tu te sens prêt ?
Cette fois, je le pense vraiment J’ai suivi une préparation rigoureuse depuis le début de l’année en alternant gros enchainements en montagne et travail de renforcement musculaire. Pour les fans de chiffres, ça donne :
… et c’est sans compter sur les sorties vélo route en complément :Il faut ajouter à cela une préparation mentale à base de visualisation, de yoga et d’exercices respiratoires et une reconnaissance intégrale du parcours qui me donne un avantage psychologique réel : je sais ce qui m’attend !
Tu penses mettre combien de temps ?
Mon unique objectif est d’aller au bout mais il faut bien anticiper des scenarii possibles pour savoir combien de temps je vais passer dehors et adapter l’intendance et la logistique.
Dans mes rêves les plus fous, je mets 40 heures, ce qui me ferait arriver vers 2 heures du matin dimanche.
Lors de mes reconnaissances, j’ai vu que j’étais assez lent dans les côtes et il est beaucoup plus probable que je mette entre 42h et 44h. D’autant plus que je n’ai aucune idée de la façon dont va réagir mon corps la deuxième nuit. Ça va être LA surprise et il faudra que j’accepte de lever le pied le moment venu !
Ça me laisse de toute façon de la marge sur les barrières horaire qui mettent hors course tout coureur plus lent que le tempo imposé par l’organisation. Je vais pouvoir courir sereinement à la sensation et faire ma course à mon allure.
Un extrait du règlement :
Comment tu te ravitailles ?
L’organisation a prévu des ravitaillements en eau toutes les 3 ou 4h environ, le plus souvent accompagnés de quoi grignoter sucré ou salé.
On a aussi droit à une assistance sur ces ravitaillements. Mes parents seront là à certains d’entre eux pour compléter mon stock de barres et me donner de la nourriture plus consistante si besoin.
C’est pas trop lourd à porter le sac à dos ?
Normalement, il devrait être autour de 4.5kg, eau comprise (2 litres). Ça ne pèse rien au début. Ça représente une tonne au bout de 12h quand les épaules sont lacérées par les chocs en descente et que le dos commence à s’enflammer de douleur (en particulier les cervicales). Chaque gramme économisé permet de repousser ce seuil de fatigue !
Mais tu dors où ?
Pas d’hôtel 4 étoiles. Pas de camping non plus. En fait, je gère mon sommeil comme un navigateur au long cours, les phases de sommeil faisant partie du temps de course. C’est mon corps qui me dira s’il faut que je m’arrête ou pas. Depuis quelques mois, je m’entraine à faire des siestes flash de 10′ grâce à des techniques respiratoires issues de la sophrologie et ça marche pas mal
Ça pourra donc être à l’une des trois bases de vie ou n’importe où dans la nature si le sommeil me prend au point de ne plus pouvoir avancer. Je m’allongerai alors 10’ et je mettrai le réveil sur le téléphone pour me remettre en route.J’ai aussi déjà pratiqué l’auto-hypnose tout en marchant. Je vous invite à lire/relire cet article pour savoir comment je m’y prends. On verra si les conditions se présentent pour m’y exercer une nouvelle fois.
C’est quoi une base de vie ?
C’est un endroit où l’on peut se poser, se ravitailler avec un plat chaud, dormir sur des lits de camp, consulter un médecin/kiné/podologue et récupérer des affaires personnelles pour pouvoir se changer.
Elles sont au nombre de trois :
- Vernet les Bains au kilomètre 55
- Arles sur Tech au kilomètre 92
- Le Perthus au kilomètre 133
Et elles sont positionnées toutes les dix/onze heures de course environ.
Bien préparé, parcours bien étudié, en pleine forme, y’a pas de raison pour que ça ne se passe pas bien. Je suivrai ton avancée. Bonne balade
Merci Yann pour tes encouragements 😊
Après il peut se passer tellement de choses … Je vais prendre les évènements un à un comme ils viennent le plus calmement possible et on verra ce que ça donne !
J’aime ça Séb, peut-être trouveras-tu aussi une raison d’espérer que le monde ne se porte pas si mal, quand on est en montagne, même en plein trail ! Regarde la lune aussi, elle a beaucoup de force depuis quelques milliards d’années…
Salut Séb,
Ecoute, j’ai traversé des étendues sauvages pendant des heures où l’homme n’a laissé que quelques marques très discrètes. J’ai eu la chance d’être seul et de prendre conscience à quel point j’étais tout petit face à cette immensité minérale …
Et j’ai pensé à toi la 2e nuit durant laquelle une demi-lune très brillante ne m’a pas lâché d’une semelle. Il faut croire que sa force m’a survolté jusqu’à l’arrivée
Pour l’instant, tout va bien ! Allez Seb !!!💪💪💪
Bravo !!! Tu as terminé la course. Objectif atteint ! Respect Seb.
À très vite pour le débriefing …
Merci Annie
Super course, tu as même été plus rapide que tes prévisions.
Bonne récupération
Merci Luc
Bravo ! Et quel précision par rapport à tes prévisions ! Tu te connais parfaitement, une grande maîtrise de ton corps et de ton esprit. Un exemple à suivre. Encore bravo et vivement le compte-rendu. Bonne récup 😉
Merci beaucoup Yann !!
Je résumerai mon expérience en disant que le trail c’est l’art de s’adapter avec bienveillance et acceptation à tout ce que la vie peut te présenter comme imprévu pour te dévier du chemin idéal. A chaque nouvel événement, tu en apprends un peu plus sur toi et tu gagnes en sagesse.
… Et on arrive jamais au bout de ce chemin d’apprentissage