CFCO24 : Mazaugues

Bug cognitif : un exemple de conséquences dans la CO

Quand je vous dis « bug cognitif », vous pensez sûrement à ce moment où vous avez cherché vos clés de voiture alors qu’elles étaient restées sur le contact ou votre téléphone portable sagement calé dans la poche arrière de votre jean. C’était pénible. Agaçant même. Ça vous a même sûrement coûté de l’énergie et vous avez râlé sur le temps perdu que vous auriez pu consacrer à faire des choses plus intéressantes (scroller sur Instagram ? ).

Parfois, ces bugs cognitifs peuvent avoir des conséquences désastreuses. Je ne parle même pas de ces gens que l’on appelle « smombies » qui traversent les routes le nez rivé sur leur portable, les écouteurs anti-bruit vissés dans les conduits auditifs. Leur vie ne tient qu’à la bonne volonté des conducteurs bienveillants qui freinent à temps pour ne pas avoir la vie d’autrui sur leur conscience.

Je pense à ces moments où votre destin et celui de vos proches basculent uniquement parce que votre cerveau a marché à l’envers l’espace de quelques secondes.

Bug cognitif en course d’orientation

L’histoire que je vais vous raconter m’est arrivé le 31 mars 2024. Je participais au championnat de France des clubs de course d’orientation. J’aurais pu faire la course de ma vie. Au lieu de ça, j’ai fait sombrer mon équipe à cause d’un bug cognitif.

Sentiment d’insécurité

Un coin perdu de garrigue provençale près de Mazaugues dans le Var.

Il a plu des cordes toute la nuit, martelant la toiture de mon mobil home à ne plus entendre les froissements de duvet de mes voisins de chambrée. Les ravines asséchées se sont transformées en cours d’eau débordant de leur lit. La paisible piste menant à l’aréna est inondée. Les organisateurs ont installé une corde pour sécuriser le passage à gué. Trempage de pieds garanti. Le ciel menaçant n’augure rien de bon pour les prochaines heures.

En arrivant dans les premiers sur l’aréna, je découvre le carnage. Des flaques à perte de vue et des tentes de club qui ont pris l’eau. J’ai entendu que les plaques rocheuses étaient devenues des patinoires et le faible cramponnage de mes chaussures ne me donne pas confiance.

CFCO24 : l'accès l'aréna
Crédit photo : Pierre Alessandri

Surclassement

J’ai appris la veille au soir que j’allais remplacer au pied levé Nicolas, notre ouvreur en Nationale 2, qui souffrait d’une vive douleur au mollet et qui ne pouvait plus tenir son rang. Initialement je devais courir dans un trio à un niveau qu’on pourrait qualifier de « Nationale 5 ». A vrai dire, ça m’allait bien tant je manquais de compétition et n’avais plus couru en relais depuis des lustres. L’ai-je seulement fait un jour ?

Me voilà propulsé 3 divisions au-dessus dans l’une des postures les plus difficiles à mes yeux : celle de l’ouvreur. Je sais que je peux couvrir un tel parcours en 1 heure. En nationale 2, ça devrait se gagner en 35 minutes et les derniers devraient le boucler en 50, peut-être 55. Autant dire que je me demande bien ce que je fais là.

Ma stratégie est simple : m’accrocher comme un damné le plus longtemps possible pour bénéficier de l’aspiration puis poser ma CO ensuite. La clé sera dans la qualité d’exécution du 1er interposte. Ensuite qui vivra verra.

La course

Le départ

CFCO24 : le départ de la Nationale 2
Crédit photo : Pierre Alessandri

Alignés sur deux rangées, les 40 coureurs sont chauds bouillant. Autour de moi, que des types aux CV impressionnants. Des jeunes en équipe de France ou à ses portes et des moins jeunes  (je suis un des plus vieux) que je n’ai pas le souvenir d’avoir battu un jour.

L’ambiance chauffe derrière les rubalises. Les coéquipiers sont venus en masse pour assister au spectacle du départ et faire du bruit. Le speaker lance le décompte. Il me semble qu’il a parlé d’une rivière en sortie d’aréna mais je n’ai pas trop compris avec la sono un peu faiblarde couverte par une pluie naissante.

Au top, la meute est lâchée. Dans un vacarme assourdissant, le rythme imposé par mes concurrents est incroyable. Ça va tellement vite que je pars en sprint pour ne pas être distancé. Je décide de ne déplier la carte que lorsque j’aurai atteint un terrain stable. Ce champ de patates ne me dit rien qui vaille pour mes chevilles.

Les spectateurs nous masquent la sortie de l’aréna. J’entends des cris en entrant dans le virage. Un chemin plonge droit dans un cours d’eau en apparence inoffensif. Les premières foulées dans l’eau me stoppe net. J’en ai jusqu’aux genoux. Elle est gelée.

Pouah ! Mais c’est quoi ce démarrage ?

CFCO24 : la rivière du départ
Crédit photo : Pierre Alessandri

La balise 1

Encore une centaine de mètres et j’atteins la balise de départ. Un rapide coup d’œil au trait rouge sur la carte me fait lever la tête vers la droite. Les coureurs sont en file indienne et les premiers sont déjà loin. En à peine le temps de le dire, je me retrouve dans les 5 derniers. Je pousse comme un dingue dans cette montée en pente douce qui slalome dans la garrigue.

Je ne lis rien dans le détail. Pas le temps. Le moment critique arrive. Le paquet de coureurs se scindent en 3 et je joue aux devinettes pour choisir le bon faisceau. Rien de discriminant alors je décide de suivre celui du milieu.

Les coureurs devant moi plongent à droite. Balise en vue. On y est. Bien penser à contrôler le numéro de balise. Il s’agirait de ne pas faire Poinçon Manquant (PM). Ça disqualifierait toute l’équipe et je n’ai vraiment pas envie de ça.

Merde, c’est pas la mienne !

Dans le lot, je ne suis pas le seul à m’être fait aspirer au mauvais endroit. Je suis trop à droite. Certains rectifient plus vite que moi. Ne pas les perdre de vue. A peine une cinquantaine de mètres plus loin, nouveau carré de toile. C’est le bon numéro cette fois-ci. Ouf !

Ça repart à une vitesse stratosphérique (en tout cas pour moi ). Une cassure s’est déjà opérée. Les jeunes se sont détachés loin devant. Je reste avec une demi-douzaine de vieux, soufflant tous comme des bœufs. La balise 1 est passée.  Je suis toujours au contact.

Kourou, on vient de larguer le 1er étage de la fusée.

Satisfaction d’être toujours en vie.

Avant le bug cognitif au CFCO24
Crédit photo : Pierre Alessandri

Quand tu flottes sur un nuage

J’y vais au culot. Je simplifie au maximum la lecture de carte en ne gardant que 2 ou 3 éléments marquant sur chaque itinéraire. Je tends mes trajectoires et me surprends à mener le gruppetto dans une vitesse que je n’ai jamais adopté. Un coup d’œil à ma montre : je suis à plus de 90% de ma fréquence cardiaque max. Ouille !

On reprend les coureurs isolés un à un. Ma confiance est totale. Aujourd’hui, c’est MON jour.

Au quart du parcours, je plonge dans un dédale de buissons impénétrables. Personne ne me suit. Je prends conscience que je tente un truc un peu audacieux. Des loupiotes rouge se déclenchent dans ma tête.

Alarme ! Alarme !

CFCO24 : ma trace 5-6

Seb, pourquoi tu prends des risques  ? Tactiquement, c’est à l’opposé de ce qu’il faut faire. Reviens dans le paquet ! Viiiiite !

Je plonge à droite et j’y vais « à l’oreille » pour retrouver mes compagnons : ils ont la discrétion d’une meute de chien dans un jeu de quilles. Peut-être aussi parce que la zone devient ardue et que personne n’a envie de rester bloqué là-dedans.

Je me fais la promesse de ne plus faire d’excès de zèle, trop content d’être à pareille place.

Le passage spectacle

On est aux trois quarts de la course lorsqu’on revient sur l’aréna. On est désormais 8. La balise à l’entrée du couloir trône au milieu d’une flaque de merde (je n’ai pas d’autre mot ) et le chemin qui longe l’aréna en furie n’est pas en meilleur état.

Le rythme s’accélère. Sûrement l’effet de l’adrénaline à profusion. Difficile de rester insensible quand tu prends une centaine de décibels en pleine tête.

On plonge dans la forêt et le silence (relatif) reprend ses droits dans le groupe. La pente s’élève pour atteindre un plateau et tout le monde pousse pour rester au contact. Mon cardio s’envole à 95% de ma FC max.

Ouch !

CFCO24 : la balise spectacle
Crédit photo : Pierre Alessandri

Et patatra, voilà le bug cognitif

Je tends encore plus mes trajectoires et m’oriente à l’instinct dans une simplification à l’extrême de ma lecture de carte. L’effort physique prend toute la place. On est désormais une douzaine. En sortant de ma balise 15, j’aperçois un chemin au sud qui me mène droit vers la zone du poste. Je suis le seul à le voir. Je me jette dessus et pousse comme un damné.

J’arrive le premier dans la zone du poste. On cherche un rentrant. Trois filles plongent dans la pente. Je m’avance, vois une toile en contrebas et fonce à mon tour. Je suis en train faire la course de ma vie. Contrôler le numéro de poste pour la forme.

Merde, ce n’est pas la mienne !

Je ne suis pas dans le bon rentrant. OK, mais il est où ?

 

Bug cognitif au CFCO24

Je lève le nez et vois les autres en train de zoner tout en haut. Pourtant l’attaque de poste n’était pas si compliquée. On a juste rien lu de la carte. J’ai l’intuition d’être trop à l’est. Je reste à niveau et me déplace vers l’ouest. Et là je croise tout le groupe qui dévale la pente en file indienne. Je comprends qu’elle est beaucoup plus haut.

Pas maintenant. Pas si proche du but !

Je pousse comme un dingue pour remonter les quatre lignes de niveau, pointer la balise et repartir à l’envers. Il me reste un maigre espoir de raccrocher les wagons. Je prends tous les risques dans la descente, pointe la 17 en un rien de temps, mais manque de bol, la visibilité dans la forêt est beaucoup moins bonne que sur les plateaux. Je dois me rendre à l’évidence : Seb, tu es désormais tout seul.

Mais pourquoi t’as fait çaaaaaaa !

Submersion

Un coup de boussole. Un cours d’eau à traverser et la 18 est juste derrière dans le vert.

Je sors de la forêt et là, horreur ! Ce qui devait être un filet d’eau est une rivière saumâtre avec du courant. Je me jette dedans. L’eau m’arrive à la poitrine. J’écarquille les yeux. C’est quoi ce délire ? J’aperçois un type planqué dans les fourrés. Sûrement un mec planté là par l’organisation pas forcément sereine d’imposer ce genre de passage.

Je fais trois pas mal assurés et mon pied se dérobe. Je disparais sous l’eau en une fraction de seconde, la tête en  avant. Plus de repère. Je me débats comme un pantin désarticulé à la recherche d’une surface solide. Mes mains ne rencontrent que du liquide en guise d’accroche. Je ne sens plus rien. Quand mon pied droit trouve enfin un appui salvateur, je me propulse hors de l’eau et prends une grande inspiration. L’eau ruisselle sur mon visage. J’y vois encore clair. Ouf ! Mes lentilles de contact sont toujours en place.

Impossible de dire combien de temps je suis resté immergé.

CFCO24 : une traversée de rivière
Crédit photo : Pierre Alessandri

Je perçois ma carte dodelinant dans les remous, accrochée à une branche à un mètre de moi sur ma gauche. L’attraper et la remettre dans le bon sens. Sortir de cette galère au plus vite. Aller droit vers la 18.

Une douleur vive envahit ma cuisse gauche quand je pousse dessus. D’où ça sort ?

On verra ça plus tard.

Bug cognitif : quand le cerveau part en vrille

Je traverse une zone ouverte à moitié inondée. La pluie reprend de plus belle. Face à moi dans un rentrant, une balise. Je contrôle son numéro, c’est bien la mienne. Un coup d’œil sur la droite : au bout du champ à quelques centaines de mètres, les maillots des derniers coureurs qui m’avaient accompagné il y a encore 5 minutes disparaissent derrière une haie. Je me précipite à mon tour. Je n’ai pas perdu grand-chose. Ouf !

Un coup d’œil à ma carte. Merde ! Je n’ai pas fait la 19.

Demi-tour.

Putain, Séb, qu’est-ce que t’es en train de faire ? Elle est où ta sérénité ???

Je tente de me recaler mais je ne reconnais rien. Des filles qui terminent le 1er relai en Nationale 1 m’attirent sur un sentier à flanc plus haut dans la pente au sud du champ. Je ne comprends plus rien. C’est la panique. Un bénévole de l’organisation en pitié de moi prend le temps de me recaler. Merci à lui ! Une visée boussole. Je contourne la colline par la droite et tombe sur ma balise. Ça aurait très trop bête de faire PM  si près du but. Les conséquences seraient terribles pour l’équipe.

CFCO24 : le chemin final
Crédit photo : Pierre Alessandri

La dernière ligne droite

La fin est pénible. Le champs est rempli d’eau. Le chemin qui mène à l’aréna n’est pas en meilleur état. Je pointe la 99, lève les genoux pour m’extraire de la boue gluante. Quelques secondes plus tard, je passe sous l’arche et poinçonne l’arrivée. Encore un dernier coup de rein pour passer ma carte à Alice, la 2e relayeuse de l’équipe, qui affiche un calme olympien (mais comment fait-elle ?) et j’en ai enfin terminé.

Contrat rempli mais je suis contrarié. J’étais à deux doigts de faire la course de ma vie mais je me suis écroulé avant la fin. J’aurai réussi à tenir 45 minutes à des intensités rarement atteintes. Il m’aura manqué 5 petites minutes pour réaliser l’exploit de la course parfaite et tenir la dragée haute à des coureurs bien meilleurs que moi.

CFCO24 : la balise 255
Crédit photo : Céline Dodin

Quand tu t’enfonces dans le chaos des bugs cognitifs à répétition

Le choc

Mon fils Louison m’attend en sortie avec Elijah le 4e relayeur de l’équipe, le sourire aux lèvres.

Je passe par la GEC (Gestion Electronique de Course) pour faire valider mon parcours, récupère le ticket fraichement sorti de l’imprimante.

Génial, Papa ! On t’attendait pas si tôt à la balise spectacle. T’as fait une super course jusque-là ! Qu’est-ce qui t’es arrivé sur la 2e boucle ?

Il se tourne vers Elijah et lui dit :

Je te l’avais dit qu’il ne ferait pas deux fois PM d’affilée !

Il dit ça en référence à mon poste manquant de la veille lors du championnat de France de moyenne distance où je m’étais trompé de balise 1, la seule dont je n’avais pas contrôlé le numéro.

Je lui raconte mon histoire, en appui sur mes cuisses pour retrouver mon souffle et lui tend mon ticket pour qu’il jette un coup d’œil à mes temps de passage.

[Lui] Mais… mais t’es PM !

[Moi] Quoi ?

Je me souviendrai toute ma vie de son regard à ce moment-là, ainsi que celui d’Elijah. Un mélange de sidération, d’incrédulité et de déception. Je lis un « t’as quand même pas fait ça » qui m’a coupé en deux.

T’es pas passé à la 18 et t’as pointé la 19 deux fois à 3 minutes d’intervalle. Qu’est-ce t’as foutu ?

La confusion du bug cognitif

Je ne comprends rien. Dans ma tête, c’est le brouillard. Je me sens anéanti. La culpabilité m’envahit, avec ce sentiment de ne pas avoir été à la hauteur. Le club m’a fait confiance pour me proposer ce rôle. Mon contrat était de rentrer avec une copie propre en sécurisant mon parcours et en contrôlant tous mes numéros de balise. Au lieu de ça, j’ai péché par orgueil en voulant sortir une course à la hauteur de la nationale 2 et je me suis pris le mur à deux balises de l’arrivée.

Mes yeux s’humidifient. Je serre Louison dans mes bras et n’arrive pas à lui dire autre chose qu’un « désolé » qui me remplit de colère. Je n’ai qu’une envie : partir loin d’ici.  Quand je lui tourne le dos, je fonds en larmes, sous le choc.

Mais qu’est-ce qui s’est passé ?

Bug cognitif au CFCO24
Crédit photo : Pierre Alessandri

Fracture de l’égo

Je quitte l’aréna en essayant d’éviter le flux des coureurs qui y pénètrent. En traversant la rivière à 10 mètres en aval de la corde sécurisant le passage, j’attire les regards. Je suis trempé jusqu’aux os. La pluie redouble mais je ne sens rien d’autre que mon corps meurtri, surtout ma cuisse gauche qui me lance, comme si j’avais reçu une violente béquille.

Evidemment, je croise Patrick puis Anne, les relayeurs 7 et 8. Même regard d’incrédulité même si leur compassion devant ma voix chevrotante me touche beaucoup.

Je trouve refuge dans le minivan du club à l’abri de la pluie qui redouble d’intensité. Il me faut une éternité pour enlever mes habits collés au corps.

Inventaire des dégâts : un gros hématome couvre tout le flanc gauche de ma cuisse en lui donnant une allure hypertrophiée. Les variations de bleu sous la peau ne laissent aucun doute quant à la violence du choc.

Je me mets à trembler comme une feuille. Même couvert de la tête aux pieds avec tout ce que contenait mon sac de vêtements ne suffit pas à me calmer. Je ne bougerai plus d’ici. J’appelle Louison pour lui expliquer la situation. On prend conscience qu’on ne se reverra pas et ça décuple mon abattement. Appel de Luc qui ne va pas courir son relai en Nationale 4 (son équipe est PM elle aussi). On décide de rentrer à Toulouse dans la foulée. Je me sens soulagé, mais en même temps très mal. Une analyse à tête reposée de ce qui s’est passé va être indispensable.

 

Bug cognitif : l’analyse à froid

J’ai mis quelques jours pour m’en remettre et quelques autres pour prendre du recul.

On a bien affaire ici à un sacré bug cognitif, et pas qu’un seul. Mais pour en comprendre la teneur, le mieux est de jeter un œil à la trace GPS. Merci à ces outils d’exister. Ils permettent de montrer à quel point le cerveau peut être dupé.

Premier bug cognitif

Après 47’27s de course, j’entre dans la rivière. Comme indiqué plus haut, je tombe dans l’eau. Je raconte que je ne sais pas combien de temps j’y reste. La trace montre que 10 secondes après je suis ressorti.

Dans mon récit, je sors vers la 18 « en traversant une zone ouverte à moitié inondée ». Or la 18 est dans du vert. Ça ne colle pas. J’ai certainement dû inverser le nord et le sud. J’ai confondu la 18 et la 19. Je contrôle le numéro de poste mais pas l’ordre des balises. Dans ma tête, je viens de pointer la 18.

Bug cognitif au CFCO24

Deuxième bug cognitif

A 49’30s, je prends conscience qu’il me manque une balise et je fais demi-tour. Je suis persuadé que c’est la 19 alors que j’en viens. Je ne sais pas exactement où je suis dans le champ et je me dévie vers le sud jusqu’à atteindre un chemin dans les hauteurs. Un bénévole me recale. J’exécute simplement la fin et pointe à nouveau la 19 (3 minutes après) sans reconnaître que j’y suis déjà passé. Pas surprenant vu que j’attaque le poste dans la direction opposée.

Bug cognitif au CFCO24

Troisième bug cognitif

Celui-là est plus inquiétant.

Dans mon souvenir, j’entre dans l’eau, je tombe. Je comprends a posteriori que je suis ressorti par là où je suis venu et que j’ai dû me taper violemment la cuisse, vu la taille de l’hématome.

Curiosité de la trace GPS : je ne repars pas en sens inverse. Je ressors 10 secondes plus tard de la rivière. J’erre dans la forêt pendant 1’30s avant de traverser à nouveau la rivière un peu plus à l’est. J’y reste une quinzaine de secondes avant de me diriger pour la 1ere fois vers la 19.

Bug cognitif au CFCO24

Je n’ai AUCUN souvenir de mon passage dans la forêt. J’ai eu un black-out d’1’30s environ.

Est-ce que je suis tombé deux fois dans l’eau ? A quel endroit est-ce que j’ai reçu un choc à la cuisse ? Où ai-je récupéré ma carte accrochée à une branche ?

J’ai dès lors des gros doutes quant aux événements enregistrés dans ma mémoire.

Par conséquent, quel crédit accorder à mon témoignage ? Qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui est faux ? Comment circonstancier précisément mon vécu ?

 

Les conclusions de mon enquête sur ce bug cognitif

J’étais en état de stress élevé au moment de traverser la 1ere fois la rivière :

  • Je venais de perdre le contact avec le reste du groupe
  • J’étais proche de la rupture côté effort (plus de 90% de la FC depuis trop longtemps)
  • Je n’avais plus lu ma carte précisément depuis un bon moment

J’ai dû prendre un choc lors de ce 1er passage.

Le cerveau a disjoncté.

Un nouveau passage dans la rivière a recréé les connexions.

J’ai créé un continuum temporel entre les deux passages, d’où l’inversion nord / sud.

Commotion cérébrale ?

Je me suis posé la question. Après tout, pourquoi n’aurais-je pas taper la tête dans ma chute ?

Je ne pense pas car j’ai repris une activité cérébrale normale dès le lendemain en prenant soin de m’observer dans tous mes faits et gestes et de traquer tout ce qui pourrait ressembler à un bug cognitif. J’ai tout de même pris la précaution de ne rien faire de physiquement éprouvant pendant une semaine au cas où.

Il n’empêche que l’expérience est déroutante. D’autant plus que je venais de terminer la lecture de « Il était deux fois » de Franck Thilliez, un polar où le héros est victime d’un trou de mémoire de 12 ans !

Prenez soin de votre cerveau

Prenez soin de votre cerveau

Votre cerveau est votre premier allier. Si vous en êtes là aujourd’hui, c’est grâce à lui et à ses multiples câblages neuronaux qu’il a réalisés pour vous afin de vous accompagner dans vos projets et vos activités.

Prenez en soin.

Entraînez-le, préparez-le comme vous le faites avec vos muscles, nettoyez-le comme vous le feriez avec votre chez vous. Chérissez-le. Ce n’est pas parce que vous ne le voyez pas que vous devez le négliger.

Quand on tire sur la corde ou quand on l’entraîne violemment dans des domaines où il n’est jamais allé, on risque le bug cognitif avec des conséquences qui peuvent être dramatiques.

Face à une situation inconnue, on a 2 réactions possibles :

  • Perdre ses moyens
  • Développer des stratégies composées grâce à un entrainement assidu et une sollicitation saine.

 

Et vous ? Où en êtes-vous avec votre cerveau ?Avatar Séb

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