Jean-Charles Harbonnier et sa caméra

Portrait de Running Yogis : Jean-Charles Harbonnier (La Route du Trail)

Avec Jean-Charles Harbonnier, continuons la série de portrait des ambassadeurs Running Yogis, formés à la Running Yogis Academy – cursus de professeurs de yoga agréé par la FIDHY et animé par Bénédicte Opsomer et Pascal Jover, leurs créateurs.

Jean-Charles Harbonnier est issu de la promotion Lyon 2021. Il est plus connu sous son nom de scène Youtube « La Route du Trail ». Au-delà du personnage qu’il s’est construit sur les réseaux sociaux, découvrez un garçon humble aux capacités insoupçonnables.

L’aventure YouTube

Ses débuts en course à pied

Jean-Charles Harbonnier est un Valenciennois pure souche. Il a passé la majeure partie de sa jeunesse dans les terrils et ses débuts en course à pied sont assez aléatoires. Même s’il reste raisonnable les premières années (quelques essais sur des trails de 15 kilomètres), il prend conscience de ses très bonnes capacités aérobie. En 2014, il s’aligne sans transition sur des distances de 40 kilomètres sur sentiers, part trop vite et termine à l’agonie. Il est dégouté de la course à pied et range ses chaussures au fond du placard. Pas la meilleure manière d’entamer une histoire d’amour !

L’hiver passe et le goût du défi prend le dessus. Par une nuit froide de février, Jean-Charles Harbonnier ressort ses baskets et s’aligne au départ d’une marche de 60 kilomètres à Bourges. Le départ est donné à minuit tapante. Le rythme a beau être tranquille, il alterne marche et course et découvre sa première vraie longue distance. Il rallie Sancerre à 8 heures du matin et apprécie la convivialité d’une tartine de rillette arrosée du vin moelleux local dès la ligne passée. Il découvre une nouvelle approche de l’endurance, plus en harmonie avec lui-même.

Tout part d’une rencontre

Après avoir terminé le 60 kilomètres de l’Ultra-Marin quatre mois plus tard, il retourne à ses premières amours au début de l’automne : la même distance effectuée sur la course des Terrils, chez lui, dans le Nord. Il y rencontre Frédéric Foubert dit « Fred », fait un bout de chemin avec lui, le lache et fait un top 30. Je ne sais pas comment j’ai fait, avoue Jean-Charles avec humilité. Il ne sait pas encore qu’ils vont devenir inséparables.

Il faudra attendre le 80 kilomètres du trail du Tour du Canton en décembre de la même année pour sceller définitivement leur duo. Jean-Charles Harbonnier rencontre à nouveau Fred au 26e kilomètre et ils terminent ensemble.

Une belle histoire commence. Tous les projets de trail seront désormais construits à 2.

Jean-Charles Harbonnier et Fred Foubert

Le début de la chaine Youtube

Fred entraine son nouveau compère dans son baptême des 100 kilomètres en s’engageant ensemble sur le Radicassant (Lillebonne, Normandie). Quatre mois pour se préparer. Envie de partager cette belle aventure avec leurs proches, avec ceux qui croisent leur route et avec tous ceux qui font le même chemin et qui se posent les mêmes 1000 questions. L’occasion de créer une chaine Youtube était trop belle.

Ainsi est née « La Route du Trail »

Tout un symbole. L’envie d’allier la route d’un côté et les sentiers de l’autre. Mais la « route » comme le cheminement, la voie, finit par s’imposer et la chaine ne proposera quasiment plus que des contenus sur le trail, voire l’ultra-trail.

Des récits de course aux vidéos techniques en passant par la couverture de thématiques spécifiques, Jean-Charles Harbonnier ne veut pas se restreindre et sa chaine devient le terreau de toutes ses explorations. Un seul objectif : le partage. Tant qu’il prend du plaisir à réaliser ses vidéos, il poursuit.

Logo La Route du Trail

Le développement de la chaine

Jean-Charles Harbonnier admet que les premiers 100 abonnés ont été les plus difficiles à obtenir et à fidéliser. Ensuite, c’est allé crescendo. Début 2022, il en est à 18300.

Pour se faire une idée de son positionnement dans l’univers des coureurs de trail qui se mettent en scène, une petite comparaison s’impose :

Je ne parle que des coureurs actifs. D’autres sont allés plus haut mais ont lâché l’affaire avec la crise sanitaire. Je ne compare pas non plus avec les filles qui obtiennent des scores astronomiques (cf Marine Leleu).

Une stratégie ?

Du coup, avec un tel succès, est-ce que ça influence sa façon de tourner ?

Réponse : Absolument pas ! Avec Youtube, c’est un peu comme une relation suivie. C’est l’entente cordiale, j’y ai des discussions sympas. Je suis un peu un hippie, je ne me prends pas la tête. Si je n’ai rien à dire, je ne produis pas de vidéo.

Pour créer son contenu, Jean-Charles Harbonnier ne regarde pas les autres chaines. Il ne visionne pas les récits de course. Il préfère les surprises et veut garder sa patte personnelle sans se laisser influencer.

En temps normal, il essaie de sortir 1 à 2 vidéos par mois.

Ce qui marche le mieux, ce sont les récits d’ultra. Son dernier reportage sur la Diagonale des Fous en octobre 2021 a connu un succès remarquable.

Retour sur le Grand Raid de la Réunion 2021

Le dossard de la Diagonale des Fous de Jean-Charles Harbonnier

Comment Jean-Charles Harbonnier choisit ses trails ?

Tout ne trouve pas grâce à ses yeux. Le garçon aime se perdre en nature et retrouver la solitude propice à la méditation. Alors quand il accroche un dossard, il s’applique à retrouver les mêmes conditions :

  • Moins de 500 personnes au départ
  • 1 euro du kilomètre au maximum
  • Pas de tirage au sort

Alors pourquoi la Diagonale des Fous ?

Là, il faut reconnaître que côté isolement c’est raté. 2500 participants au départ, même étalés sur 160 kilomètres, ça ne permet pas de jouir de la solitude du coureur.

Alors la Diag, c’était pour la grandeur du lieu, pour le mythe, pour le partage aussi. Avec son ami Fred d’abord… évidemment… Mais aussi avec les mêmes têtes qu’il revoyait tout au long du parcours. Avec le système de départ par vagues, le brassage ne s’est pas fait comme les autres années.

Et la performance ?

Jean-Charles Harbonnier n’en parle même pas, preuve qu’il était venu chercher autre chose. Son ami Fred coince au 2/3. Alors avec une grande bienveillance, il l’attend, se pose, l’écoute et s’adapte à son rythme. Oui il aurait pu faire mieux, mais pourquoi ?

Là on compatit et on se dit que la peur de ne pas franchir les barrières horaire l’a peut-être effleuré. Mais pas du tout. Au final, ils font un top 300 en moins de 40 heures. Les connaisseurs apprécieront !

Je ne suis pas là pour me mettre minable. Ce n’est pas ce qui m’anime. J’aime bien pouvoir courir 2 jours après.

Si seulement, on pouvait tous en dire autant… Après une telle épreuve, ça laisse rêveur !

Jean-Charqles Harbonnier et Frédéric Foubert à l'arrivée de Diagonale des Fous

L’enduroman en 2022

Jean-Charles se demande si sa période trail ne touche pas à sa fin. Il ne veut pas répondre à cette question pour le moment, mais il a d’autres projets en tête, plus grands, plus fous.

Il a découvert l’enduroman en 2019 par Marine Leleu et depuis, cette « course » l’obsède.

Au passage, je vous invite à regarder le compte-rendu vidéo hautement émotionnel de Marine pour vous faire une idée du défi qui l’attend. C’est au-delà de l’entendement.

Jean-Charles Harbonnier ne regardera pas cette vidéo. Il préfère préserver cette part d’inconnu qui le fascine.

Kézako ?

Avant de poursuivre, il est temps de se donner le vertige. L’enduroman n’est pas une course comme les autres. Ce n’est pas une course en ligne. C’est un défi solo hors-norme. Il faut s’inscrire 2 ans à l’avance et montrer patte blanche à Edgar Ette, le créateur et 1er finisher en 2001, qui valide ou non votre inscription en fonction de votre CV et lettre de motivation.

Aujourd’hui on compte 46 finishers. Ça donne la mesure de la folie du challenge qui attend Jean-Charles Harbonnier.

Les mensurations

L’enduroman est un triathlon de l’extrême. Le départ est donné sous Marble Arch à Londres. On commence par courir 144 kilomètres dans la campagne anglaise. Pas de montagne en vue mais le parcours n’a rien de plat et la météo britannique peut réserver quelques surprises.

Arrivée à Douvres pour une traversée de la Manche à la nage. Oui vous avez bien lu ! Un bateau accompagnateur embarquant toute son équipe est là pour assister et pour guider le héros du jour. Au plus court, Jean-Charles Harbonnier parcourra 33,8 kilomètres dans une eau glaciale en subissant les brûlures de méduses et autres morsures de poissons un peu trop curieux. En pratique, ça peut vite faire entre 40 et 60 kilomètres selon la marée, les courants et la météo. La délivrance se fait sur une plage de la Côte d’Opale.

Le transfert est effectué jusqu’à Calais, d’où part un périple de 289,7 kilomètres à vélo jusqu’à l’Arc de Triomphe à Paris, d’où son surnom « Arch2Arc ». Il faut compter aussi avec les travaux et les embouteillages qui peuvent ajouter un peu de piment à l’aventure.

Le parcours de l'Enduroman

Et le départ c’est pour quand ?

Jean-Charles Harbonnier imaginait ce défi en 2021 mais le Covid en a décidé autrement. Le départ est reporté d’un an pour l’été 2022. Entre le 29 juin et le 8 juillet.

Pourquoi cette plage ?

Parce les conditions météo et l’autorisation de traversée du bateau imposent la date.

48 heures avant, le capitaine du bateau peut m’appeler et me dire « c’est jeudi à 2h ». Il faut que j’adapte ma course en conséquence. Il faut même attendre jusqu’à H-30 pour avoir la confirmation du départ officiel !

Et ses références ?

En course à pied, on ne les présente plus. Le dernier ultra à La Réunion en dit assez long sur sa capacité à couvrir la distance. Son coach Dany Perraylui-même finisher en 2018 en 60h18 – lui prédit 14 heures pour couvrir les 140 kilomètres. Jean-Charles Harbonnier préfère être plus prudent.

Pour la natation, il a vraiment peur, une peur viscérale qui l’oblige à travailler sur lui. Il sait qu’il a le physique et sait que ça se passera à 80% dans sa tête.

J’ai déjà testé 10 bornes en piscine et fait des essais en mer. Le problème, ce sont les 140 bornes avant. Je ne sais pas dans quel état je serai à Douvres. A la fin de la traversée, il faut faire avec des forts courants qui peuvent réduire ta vitesse à 800 mètres par heure. Ça peut être déprimant !

Jean-Charles Harbonnier après la piscine

Il n’a pas de référence en vélo mais dit avoir fait un ironman en off (3,8 km de natation ; 180 km de vélo ; 42,195 km de course à pied). Avec l’ultra-trail en spécialité, il trouve ça « facile » physiquement car c’est un sport porté. Le plus difficile sera de gérer la fatigue et les hallucinations.

Son objectif ?

Jean-Charles Harbonnier aimerait bien faire 60 heures. Le record actuel est de 49 heures. Aujourd’hui, ça se joue sur les temps de pause. Il est possible de dormir avant et après la natation, mais le record a été établi en optimisant ces temps précieux pour la régénération.

Quelle équipe l’accompagne ?

Un tel objectif ne s’improvise pas. En plus d’un coach triathlète et finisher de cet enduroman, Jean-Charles Harbonnier s’est entouré d’une équipe complète :

  • Préparateur mental
  • Diététicien
  • Médecin du sport
  • Ostéopathe
  • Kiné
  • Responsable logistique
  • Responsable communication

En tout une dizaine de personnes impliquées dans ce projet avec la même envie, la même curiosité.

Jean-Charles Harbonnier en contemplation

Un film sur sa chaine ?

Je ne sais pas. Je le vois comme mon projet à moi. Pas forcément envie de le médiatiser.

Un besoin de concentration et de centrage sur soi. Vivre l’instant présent, puis seulement après, partager son expérience. Pour assouvir cet élan vital, c’est sous la forme d’un livre co-écrit avec son coach qu’il transmettra au plus grand nombre ce qui l’aura fait vibrer, non seulement pendant ces longues heures de solitude, mais aussi durant ces nombreuses semaines de préparation.

L’homme derrière le sportif

Après le personnage public et le sportif de l’extrême, voici le Jean-Charles Harbonnier touche-à-tout multi potentiel et avide de connaissances.

Le grand bain de l’audio-visuel

Après 23 ans dans son Valenciennois natal, il part s’installer à Paris pour faire fructifier ses études en audio-visuel chez Euromédia. Le voilà dès la 1ere année dans un car technique de télévision à produire des statistiques pour les sports en France.

Il se fait remarquer et devient rapidement directeur technique, puis responsable des sports où il officie pour la Coupe du Monde de foot, pour le tournoi de tennis de Rolland Garros ou pour les Jeux Olympiques de Londres. A 24 ans, il se retrouve avec la bagatelle de 450 personnes sous sa responsabilité. Au Grand Prix de Monaco, il est « juste » le garant technique de l’événement. Avec une telle portée internationale, Jean-Charles Harbonnier serre les fesses et prie pour ne pas avoir une seconde de noir à l’antenne, sous peine de rendre sa boîte redevable de millions d’euros de pénalités.

Jean-Charles Harbonnier - Gros plan en course

La pression est forte, le rythme élevé. Il se souvient avoir travaillé jusqu’à 120 heures par semaine les 3 premières années. Et malgré cela, il est arrivé à maintenir une distance émotionnelle avec ce qu’il vivait. C’est juste de la télé, je ne soigne personne, m’avoue-t-il.

Le chef de projet

Lessivé, il quitte ce poste pour intégrer une société de service en audio-visuel et devient chef de projet pour des clients aussi divers que France TV, TF1, des radios, des musées… Une expérience de 3 ans diamétralement opposée à la précédente où le sens n’était pas toujours au rendez-vous. Il fait ensuite une pige d’1 an chez France TV, le temps de préparer la suite. Un seul mot d’ordre : retrouver du sens.

Le coach sportif

Il quitte Paris pour suivre une formation de coach sportif à Besançon. En France, il faut des diplômes. Il répond à ce besoin impérieux de retrouver la nature, d’être utile et de servir les autres. Il découvre une ville qui l’attire et en tombe amoureux. Mais ce sont d’autres sirènes qui l’appellent : il rencontre sa copine kiné et triathlète et il part la rejoindre à Caen.

Jean-Charles Harbonnier en famille

Le multipotentiel

En parallèle, il passe le DU de trail, un diplôme de Cross-Fit et suit actuellement une formation certifiante en sophrologie. Toutes ces démarches répondent à une même logique : ajouter des cordes à son arc pour développer son activité de coaching et préparer l’après. L’après trail, l’après enduro man, l’après période entièrement dédiée à l’audio-visuel.

La projection dans le futur

2020 a été l’année du virage professionnel.

2021 celle de la mise à niveau des finances grâce aux piges réalisées chez France TV.

2022 sera celle dédiée à un entrainement de 20 heures par semaine pour l’enduroman.

Jean-Charles Harbonnier pensif

Quelles portes s’ouvriront après ?

Stop le sport à outrance, Jean-Charles Harbonnier aspire à retrouver une vie normale. Il se verrait bien dans un poste de salarié alliant sport, relation client et management dans une grande enseigne spécialisée.

Et le running yoga dans tout ça ?

Jean-Charles Harbonnier fait de la méditation depuis 15 ans. Diagnostiqué HPI, il doit gérer une grosse carapace qui le verrouille et le gêne dans l’expression de ses émotions. S’ancrer sur sa respiration n’est pas la réponse à une mode mais un besoin vital qui le permet d’équilibrer son hyperactivité et apaiser son cerveau en ébullition.

C’est grâce à son ami Alexandre Marais (Lyon 2020) que Jean-Charles Harbonnier a mis le pied à l’étrier du running yoga. Une bonne façon d’améliorer sa technique de course à pied tout en développant son activité de coach.

Le yoga de l’énergie dont est inspiré le running yoga prétexte le mouvement pour entrer en méditation. La synchronisation du mouvement sur la respiration est une approche complémentaire de celle de la sophrologie ou de la méditation de pleine conscience. Des voies différentes pour accéder à la même chose : la présence à soi.

En intégrant la promotion Lyon 2021, Jean-Charles Harbonnier voit son approche du coaching radicalement changer. L’humain comme finalité plus que la focalisation sur la mécanique humaine.

Il voulait changer la foulée des coureurs. A l’issue de la formation running yoga, il souhaite enseigner aux coureurs à mieux vivre leur foulée.

Jean-Charles Harbonnier Running Yogis

Au carrefour de sa vie

Rencontrer Jean-Charles Harbonnier, c’est prendre une leçon d’humilité et de maturité. A 32 ans, il a vécu des expériences sportives et professionnelles que la plupart d’entre nous ne connaitront jamais.

Animé par la quête de sens, le besoin de partage et de transmission, il est au carrefour de sa vie. Toutes les portes lui sont ouvertes. Ses antennes sensibles seront ses atouts pour s’engager dans une voie qui lui apportera accomplissement et équilibre.

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3 réflexions sur « Portrait de Running Yogis : Jean-Charles Harbonnier (La Route du Trail) »

  1. Je ne vais pas te le dire à chaque fois hin ?
    bein si, je vais te le dire à chaque fois… tu excelles et c’est formidable de te lire et d’être dans ce partage. Je suis tellement contente de faire partie de cette grande âme que sont , que forment toutes les running yoginis et les running yogis…

    1. Et moi je ne vais pas te remercier à chaque fois ? Bin si également ! Parce que sans toi ces portraits n’existeraient pas, parce que sans toi je n’aurais pas eu l’occasion de rencontrer autant de gens aussi incroyables que les Running Yogis avec chacun leur parcours tous plus atypiques et inspirants les uns que les autres. J’aime ces moments de communion avec chacun. Ils m’ouvrent les portes de leur âme. J’y entre avec tact et délicatesse. J’en sors avec humilité. Je prends une claque à chaque fois… et c’est grâce à toi !

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