GRP Ultra Tour 2022 arrivée

GRP Ultra Tour 2022 – Le récit – Episode 2 / 5

Cet article est le 2e épisode du récit du GRP Ultra-Tour 2022 débuté ici.

On en était resté à La Mongie où une lutte farouche avec les barrières horaire faisait toujours rage après être passé à deux doigts de l’élimination prématurée à Merlans au 15e kilomètre.

L’épisode 2 nous emmène de La Mongie à Pierrefitte-Nestalas.

Au menu :

  • Une montée de 1000 mètres de D+ jusqu’au col de Sencours
  • 500 mètres de dénivelé en aller-retour jusqu’au Pic du Midi de Bigorre
  • Une grande traversée de 20 kilomètres jusqu’à Hautacam avec 4 cols :
    • Col de la Bonida
    • Col d’Aoube
    • Col de Bareilles
    • Hourquette d’Ouscouaou
  • Une grande descente de 1000 mètres de D- jusqu’à Pierrefitte, la première base de vie.

GRP Ultra Tour 2022 Le profil zoomé de La Mongie à Pierrefitte

La montée au Pic du Midi de Bigorre (2877m)… au train –  (GRP km 39)

Se projeter tout de suite dans le tronçon à venir pour évaluer mes chances de succès. J’ai tout de même un gros avantage : j’ai reconnu la montée au Pic dix jours avant. Je connais mes temps de passage. Le chemin nous amène d’abord au Pont de Vaquès via un mono-trace valloné, puis démarrera la longue ascension au Pic. A la répétition, j’avais mis 30 minutes pour rejoindre le pont, puis 2 heures jusqu’à Sencours et 1 heure de plus jusqu’au Pic. Si je tiens ce rythme, j’aurai 20 minutes d’avance à la prochaine barrière à Sencours aller.

Je me sens confiant. Il y a 10 jours, j’avais pris le temps de prendre des photos. Là, de toute façon, le plafond est bas et je ne compte pas perdre une seconde. A contrario, j’étais aussi plus frais. J’imagine que ça va se compenser. Enfin j’espère…

Je me retourne en quittant La Mongie qui n’est déjà plus qu’un petit amas de bâtiments blottis au loin dans la montagne. Je pense à mes parents qui sont en train de tout remballer après ce passage express. C’est la pause méridienne. Je ne les reverrai qu’à la nuit tombée. Que se disent-ils pendant ces longues heures à m’attendre ? Comment remplissent-ils le vide ? Merci le téléphone qui me permettra de maintenir le lien.

GRP La Mongie en se retournant en direction du Pont de Vaquès
La Mongie en se retournant en direction du Pont de Vaquès

Le Pont de Vaquès

A La Mongie, j’ai vu partir juste devant moi Stéphane que je coache en préparation mentale. Marrant de le voir là ! Il a l’air bien dans son match. Tant mieux ! Mais aussi, juste derrière lui, Ivan, mon compagnon d’écriture du projet Run to born. Il est en pleine crise sportive et tente l’expérience de courir ce GRP en duo avec Jérôme. Un essai pour voir si l’amitié peut donner un sens nouveau à son vécu en l’ultra-trail. Je lui souhaite toute la réussite qu’il mérite.

Je me sens à l’aise sur ce mono-trace lacérant le flanc de montagne. De nombreux ruisseaux le croisent avec autorité, laissant épars des cailloux pour paver mon passage. Je m’amuse à sauter de l’un à l’autre sans mouiller mes pieds tout propres. Je retrouve mon âme de 6 ans à éviter les crocodiles qui pourraient me dévorer en cas de faux pas.

Mais un rien me sort de ma bulle : en approchant du Pont de Vaquès, j’aperçois Ivan une centaine de mètres devant moi. On s’était dit au téléphone que ce serait une belle surprise de faire un bout de chemin ensemble même si chacun devait tracer sa route à son rythme. Je pousse un peu et effectue la jonction au niveau du pont.

Toujours ce coup d’oeil mécanique à ma montre. 13h. Mon avance sur le passage prévisionnel du dernier coureur est toujours de 15 minutes.

Pas d’affolement, Séb. Fais le job comme tu sais le faire et ça va passer.

GRP le Pic du Midi depuis le pont de Vaquès
Le Pic du Midi depuis le pont de Vaquès

L’ascension du Col de Sencours

Je lève les yeux à la recherche de Stéphane, mais pas de trace d’un solide T-Shirt blanc dodelinant dans la pente. Il a bien démarré cette ascension. Tant mieux ! Je me recentre pour le prendre en exemple. Et puis je suis avec Ivan, mon assurance « grimpette ». Jérome et lui sont surpris de me voir là et me proposent de mener le groupe. Mais très vite je sens que ça ne va pas être possible. Je reste derrière, me concentre sur les pieds d’Ivan que je vois s’éloigner, inexorablement.

C’est trop rapide, zut !

J’aurais vraiment aimé grimper avec lui mais je ne tiens pas le rythme. Enfin… la première demi-heure car pour la première fois depuis le départ le cardio plafonne enfin – on en est à 8h30 de course – et après avoir perdu 300 mètres sur les deux compères, je leur reprends progressivement du terrain.

GRP montée au Pic du Midi
Crédit Photossports.net

Arquebouté sur mes bâtons

Ivan et Jérôme sont une bénédiction pendant toute cette montée. En les ayant en point de mire, ils me tractent par un fil invisible, me forcent à aller dans mes retranchements pour ne rien lâcher. Pas de pause. On verra ça à la barrière.

Je passe à hauteur de Christophe, assis au bord du chemin, sourire béat, heureux d’être là. Il gratte dans son sac à la recherche de je ne sais quel ustensile fondamental. Je l’avais suivi l’an passé pour le projet Run to born sur sa tentative avortée de l’Ultra-Tour. Il n’avait pas franchi la barrière de Sencours retour. Le temps presse et j’ai envie de le pousser à se remettre en route pour ne pas reproduire le scénario de 2021 mais toute communication est impossible : il a enlevé ses prothèses auditives.

Une fois de plus, la visibilité est faible mais suffisante pour que je garde le contact visuel avec mes 2 lièvres. Je n’évalue ma progression par rapport au col que grâce au bruit des téléphériques qui passent dans le flou surplombant nos têtes. Je parviens à faire la jonction juste avant Sencours et je garde l’espoir de partager un bout de chemin avec eux jusqu’au Pic.

Sencours aller (GRP km 36)

Toujours ce besoin de contrôler ma montre. Ça me consomme une énergie que j’aimerais consacrer à la recherche d’un équilibre que je n’arrive pas à trouver. 14h30…

QUOI ? 14h30… Ça veut dire qu’on a grimpé en 1h30 !! Mais… mais… on a gratté une demi-heure !!! Ça veut dire que… que… on a 45 minutes d’avance sur les barrières ?

Et même 50 minutes car la barrière est placée à 15h20 à Sencours aller.

Je n’en reviens pas. Quel soulagement ! Je me calme très vite et ne veux pas crier victoire trop vite. On ne sait jamais, une erreur de calcul pourrait s’être glissée quelque part. Mais quand même… Après le Pic, je serai beaucoup plus à mon avantage et cette histoire de barrière devrait passer en arrière de ma tête. L’avenir devient plus serein, plus radieux. La vraie course va pouvoir commencer, celle avec moi-même. Enfin !

Le Pic du Midi (GRP km 39)

GRP Montée au Pic du Midi
Crédit grandraidpyrenees.com

Nous quittons le ravitaillement avec Ivan et Jérôme, mais la camaraderie est de courte durée. Je craque à hauteur de l’hôtellerie des Laquets. Il reste 200 mètres de dénivelé à gravir et les pentes sont trop fortes. Je préfère rester en gestion. Je sais que je les reverrai dans la descente.

Cet aller-retour au Pic est un joli instant de communion entre les coureurs qui descendent, fiers vainqueurs du géant de la course, et ceux qui montent, aspirants à la délivrance au faciès déformé par l’effort.  C’est aussi l’occasion de jauger les écarts. Je croise pour la première fois Nicolas, camarade des Running Yogis, avec qui j’ai partagé la chambre lors de notre formation en 2020. J’apprends qu’il n’est pas au mieux avec une chute dans le Serpolet qui le laisse avec une douleur aux côtes. A seulement 50 mètres du sommet, je croise Stéphane, marqué par l’effort. On échange quelques mots réconfortants. Je descends plus vite que lui. On devrait se retrouver très vite. Quant à Christophe, c’est en repassant à hauteur de l’hôtellerie que je lui donne quelques gentils mots que d’autres m’ont confié à la montée.

Au sommet

Le passage au sommet est à la fois touchant et décevant. Ivan et Jérôme sont là à me féliciter par des tapes dans le dos. Echanges de regards complices. Que c’est bon ! Mais on surnage à peine du brouillard. Une porte marque le pointage à la rupture de pente. On nous propose de l’eau grâce à un robinet aménagé sur le mur d’accès au site malheureusement fermé. Mais à quoi bon puisque dans une demi-heure nous aurons droit à un gros ravitaillement à Sencours retour.

Cette montée de 2 heures et demi a quand même laissé des traces. Je veux faire une vraie pause avant la traversée vers Hautacam que je sais être trèèèèèès longue. Alors je fais demi-tour et me lance sans tarder dans la descente. Je parviens à courir tout du long. Ivan et Jérôme préfèrent marcher. Nous nous reverrons en bas.

Montée au Pic
Crédit Photossports.net

Sencours retour (GRP km43)

Ambiance « calme avant la tempête »

A Sencours, je remarque que la porte de la barrière est en sortie de ravitaillement. Il est 16h, j’ai presque une heure de marge. Faire un arrêt complet mais efficace pour mettre définitivement derrière moi cette boule au ventre du regard sur la montre.

Un ravitaillement chaleureux se tient à l’intérieur d’un bâtiment en pierre, ancienne station météo bâtie au 19e siècle restaurée par le GRP sur ses deniers. On devine à peine le lac d’Oncet en contrebas, voilé par la brume. A l’intérieur, chaleur humaine et soupirs de contentement alternent avec les inquiétudes des bobos déjà bien présents chez chacun.

Je me suis pris une boite en descendant le pic, me dit Yoann inquiet en me montrant son genou tuméfié.

Les conjectures vont bon train sur le programme à venir. Mais rien n’altère la joie de déguster un bon bol de purée un peu trop dense ou une soupe aux pâtes brulante.

On est bien, tous collés les uns aux autres. La buée envahit mes lunettes, signe qu’il est temps de me remettre en route. Le chrono tourne et j’ai fait ce que j’avais à faire. Je suis prêt à affronter les 4 cols en 20 kilomètres qui nous séparent d’Hautacam.

GRP le lac d'Once depuis Sencours
Crédit grandraidpyrenees.com – le lac d’Oncet depuis Sencours

Et les amis ?

Je salue Stéphane, Jérôme et Ivan en pleine collation. Je ne sais pas encore que je ne les reverrai plus. Jérôme a mis le clignotant à Pierrefitte, se laissant aller à l’appel de la navette en partance pour Vielle-Aure. Esseulé, Ivan s’est arrêté à la station suivante, à Cauterets, las de se battre avec les barrières horaire.

Des nouvelles aussi de Christophe qui n’arrive pas à temps pour franchir celle d’Hautacam.

Je vais dépasser Nicolas plus tard, avant Hautacam justement, qui sera son dernier ravitaillement. Il préfère arrêter les frais et se réserver pour son objectif principal : la Diagonale des Fous à la Réunion dans deux mois. Certainement une sage décision.

Quant à Stéphane, après une chute qui a vu son genou doubler de volume en arrivant sur Pierrefitte, il a poursuivi courageusement en franchissant les étapes une à une à la limite de la mise hors course. Il franchit victorieux la ligne d’arrivée dans la nuit de dimanche peu avant 4 heures du matin. Il aura couru presque 47 heures dont les trois quarts avec un handicap !

La grande traversée vers Hautacam… entre stupeur et tremblement  (GRP km 62)

Le profil est globalement descendant mais ne vous y trompez pas. Il nous faudra passer le col de la Bonida (2320m) et le col d’Aoube (2370m), contourner le lac Bleu par un sentier aussi magnifique que âpre, enchainer par le très cassant col de Bareilles (2020m), puis la Hourquette d’Ouscouaou (1875m) dans des montagnes russes sèches et peu roulantes.

Une fois engagé… il faut aller au bout.

La Bonida (GRP km 45)

A peine je passe le lac d’Oncet pour entamer la première ascension que je sens une douleur au tibia. Sourde, insidieuse. Je fais des essais de posture pour la cerner mais j’ai du mal à la localiser. La montée débute, la douleur disparaît. Qu’importe. Ne pas lui donner trop d’importance  et avancer. Je me sens puissant et je commence la longue remontada que j’ai tant de fois réalisée par le passé.

Oui mais…

Descente de la Bonida. Retour de cette douleur tibiale. Je fronce les sourcils. Je n’ai jamais eu ça et je me pose des questions. A rester derrière des groupes entiers de coureurs debout sur les freins, la douleur se ravive. Alors je double en m’engageant dans la pente et ça s’atténue.

Aoube (GRP km 47)

GRP Le col d'Aoube
Le col d’Aoube

Aoube et son col aussi court que sec laisse un peu de répit à mon esprit… Jusqu’à la bascule vers le lac Bleu et son interminable contournement… que je ne verrai pas car noyé dans une purée de poids épaisse et humide. Les verres de mes lunettes se trempent instantanément. Je rêve d’essuies-glace intégrés. Je vois le monde comme au travers d’un kaléidoscope. Dans d’autres circonstances, j’en aurais ri. Mais là, la navigation et le pilotage sont éreintants. Je m’énerve très vite au moindre loupé. Que je n’aime pas ça ! Toujours le même dilemme : garder mes lunettes mais prendre le risque de mal interpréter un franchissement ou les retirer et ne plus voir au-delà de 2 mètres. Je choisis la première option en ralentissant le rythme.

Je me concentre pour ne rien rater, mais m’épuise avec les hectomètres avalés. Le moral en prend d’autant plus un coup que la douleur est maintenant bien installée. Quand je place le pied en extension, j’entends un crac, suivi d’un éclair de douleur dans la jambe qui m’arrache un cri. OK ! C’est sérieux !

Garde ton sang froid, Séb, et analyse la situation…

Une douleur dans le bas tibia qui n’apparaît qu’en descente lors de l’extension du pied, je n’en connais qu’une : la tendinite du releveur. Et MERDE !

Le lac Bleu (GRP km 50)

Je m’arrête au hasard d’une circonvolution du chemin de contournement du lac Bleu. Je palpe la zone douloureuse. Ce n’est pas enflé. C’est très localisé. Ça couine quand je mobilise la cheville. Ça m’a tout l’air d’être ça. Des sueurs froides me parcourent le dos.

De toutes mes connaissances qui ont contracté ça en course, aucune n’est allée au bout. Il reste 110 bornes. C’est mort, Séb !

Un terrible coup de massue me tombe sur la tête. Mais qu’est-ce que j’ai loupé pour en arriver là ? Les épaules tombantes, le regard vide sur le sol jonché de cailloux, je refais l’historique depuis le départ. Je ne trouve rien. Je tourne en rond. Bon, ça ne sert à rien d’en rechercher les causes. Il faut de toute façon rejoindre Hautacam et il reste 12 kilomètres dont le fameux col de Bareilles. La montée passera c’est sûr, mais la descente ? Je l’ai reconnue dix jours plus tôt. C’est un mur très technique qui risque de faire très mal. Prise de conscience du pétrin dans lequel je suis…

Encore une fois, j’implore l’Univers de me laisser un sursis. Chercher une solution et prendre les segments les uns après les autres. Il le faut ! JE NE VEUX PAS ARRETER !!!

GRP Le lac Bleu vu depuis le col de Bareilles
Le lac Bleu vu depuis le col de Bareilles … quand il fait beau

Bareilles (GRP km 53) et Ouscouaou (GRP km 57)

Arrive la descente fatidique de ce col plongé dans le brouillard franchi tout en force. Je teste une posture qui parlera aux Running Yogis dont je suis l’un des ambassadeurs à Toulouse : la Respiration en Etirement de la Colonne Vertébrale (RECV). Je porte mon attention sur la rectitude de ma colonne et positionne mon bassin en rétroversion. Comme si je m’asseyais. De là, je vais chercher des appuis, genoux fléchis, sous mon centre de gravité.

  • Gros avantage : l’articulation de ma cheville ne dépasse jamais les 90°. La douleur est contenue au seul impact sur le sol.
  • Inconvénients : ça charge pas mal les cuisses et ça me demande un engagement franc dans la pente. Pas vraiment ce qu’il y a de plus économique pour les muscles.

Avec cette solution de secours, j’ai l’agréable surprise de voir que la douleur n’empire plus. Elle est maitrisée. Elle passe désormais en arrière de ma conscience et je retrouve le sourire. Je vais pouvoir continuer.

Alleluia ! Merci ! Tellement MERCI !

Je me sens plein de gratitude et m’envole au pas de course jusqu’à Hautacam que je rejoins en une heure en dévorant au passage la Hourquette d’Ouscouaou.

GRP La descente du col de Bareilles vue du bas
La descente du col de Bareilles vue du bas

La descente vers Pierrefitte… Courir toujours (GRP km 74)

Je ne m’arrête que pour avaler une soupe et refaire les niveaux.

La première partie de la descente est très roulante. Je m’autorise à marcher pour récupérer un peu… Sauf que la douleur revient ! Je reprends mes expérimentations : je cours en RECV, nickel. Je marche à la manière d’un randonneur, j’ai mal. Bon bin… on va courir alors

Sur le moment, j’en souris parce que je me sens solide et que les cuisses répondent bien. Mais au fond de moi une petite voix me rappelle qu’elles ne sont pas infaillibles et que tout repose désormais sur elles. Arrivera le moment où elles vont lâcher et je n’aurai plus de solution.

Une boule au ventre sournoise s’installe. Elle ne va plus me quitter…

J’accroche un bon coureur à pied sur la deuxième partie plus joueuse jusqu’à Villelongue. Je passe même devant lui dans le mur d’accès à Pierrefitte, aussi court que casse-patte,  et j’arrive avec un grand sourire à la base de vie. Il est 22h. J’ai 1h50 d’avance sur les barrières. Ouf, c’est maintenant de l’histoire ancienne. Que c’est bon d’en être délivré ! Je suis même sur des bases de 44h, mon objectif initial. Sans cette tendinite, tous les voyants seraient au vert.

Oui… Mais elle est là et bien là…

 

La suite de ce GRP Ultra-Tour 2022 dans l’épisode 3 qui nous conduira de nuit à Luz-Saint-Sauveur, la deuxième base de vie, après 35 kilomètres de montée !

Avatar Séb

 

 

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