Inauguration aujourd’hui d’une série de portrait sur des ambassadeurs Running Yogis, formés à la Running Yogis Academy – cursus de professeurs de yoga agréé par la FIDHY et animé par Bénédicte Opsomer et Pascal Jover, leurs créateurs. On commence par Christelle Girard.
Christelle est issue de la promotion Paris 2021. Désormais fraichement diplômée, elle se lance dans le grand bain de l’enseignement du combo de deux disciplines hautement complémentaires : le yang du running et le yin du yoga.
La littérature, premières amours de Christelle Girard
La source
Et si la vie n’était qu’une suite de rencontres ? Et si le hasard n’existait pas ? Quand vous rencontrez une personne qui incarne tout ce qui occupe le plus vos pensées, comment ne pas penser à la Loi de l’Attraction ou à une synchronicité ?
Christelle fait siens les principes de cette loi : elle désire ardemment, fait gonfler son cœur au point de déborder d’envie et la vie place sur son chemin des gens qui répondent à l’unisson à cet élan vital.
Quand en primaire, sa mère l’entraine dans son cercle littéraire, elle fond d’admiration devant un vieux monsieur – qui ne l’est pas dans les yeux d’une enfant ? – aux allures d’aventurier mystique. Ses textes poétiques empreints de mystère stimulent l’imagination fertile de Christelle qui voyage dans les méandres de son cerveau et écrit ses premiers vers. Ils seront lus à leur tour dans ce fameux cercle. La naissance d’une vocation, l’éclosion d’un talent, la source de son monde qu’elle va construire pas à pas.
Son rêve d’enseigner
Saut dans le temps. Elle est étudiante. Elle se rêvait en une Indiana Jones des temps modernes remontant à la source des langues, mêlant ses passions pour l’égyptologie et les lettres classiques – deux licences qu’elle obtient haut-la-main. C’est finalement l’Éducation Nationale qui l’accueille dans une farandole de sigles aussi évocateurs que ZEP, REP, RAR, RRS et autres joyeuseries pédagogiques à l’âge de 21 ans. D’abord en Limousin, sa terre natale, puis dans les Pays de la Loire, avant d’atterrir aux Mureaux (78).
Elle ne perd pas espoir pour autant. Son appétence pour les langues anciennes et l’étude des textes sacrés la pousse à passer une certification en Sanskrit en parallèle de son CAPES, un atout qu’elle mettra en avant en postulant à l’Université. Une nouvelle rencontre clé : son interlocutrice est séduite par sa démarche et son profil malgré l’absence d’agrégation dans son cursus. Elle cumule ainsi enseignement en fac le mercredi après-midi et les soirs de la semaine, et en collège le reste du temps. La philologie, la phonétique et l’évolution du français de l’Antiquité à nos jours nourrissent sa soif de stimulation intellectuelle. Sa récréation.
La maitrise de la matière brute
Mais ne pensez pas qu’elle assimile le collège au bagne. C’est même le contraire. Elle apprend à dompter l’énergie brute de ces jeunes pousses en fleur en leur proposant des ateliers créatifs et décalés. Associer jeux de rôles et lettres, théâtre et histoire, autant de mondes culturels qui peuvent se rencontrer et se mêler dans un feu d’artifice innovant. La corde sensible est touchée : les élèves adhèrent et le nombre de latinistes décuple en dix ans. Ses cours sont un succès… jusqu’à une nouvelle rencontre fatidique.
La rupture
En étant mutée au collège du Bois d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine dans les années 2010, elle croise désormais Samuel Paty. Le soir du 16 octobre 2020, il est victime d’un terrible attentat et l’ensemble du corps enseignant est sous le choc. « Ça n’aurait jamais dû arriver» lâche Christelle. L’extrême violence de l’acte marque au plus profond des chairs. Comment repasser quotidiennement devant une salle criant l’absence d’un confrère mort pour son travail. La douleur est insoutenable. Difficile de continuer dans ces conditions. Comme de nombreux collègues, c’est la rupture. Christelle se met en disponibilité de l’Éducation Nationale et se consacre pleinement à son autre projet …
… le conseil en écriture
Cette idée avait déjà germé bien avant. Une petite graine avait été plantée lorsque, divaguant dans une rue alors collégienne, elle s’était arrêtée devant une plaque aux reflets mordorés. « Écrivain public » pouvait-elle lire. Intriguée, elle s’était jurée d’en savoir plus un jour.
Elle passe à l’action des années plus tard et crée sa microentreprise en 2014 qu’elle développe à mi-temps de son emploi d’enseignante. « Les Mots en Seine » sera son nom, inspiré de la magnifique vue dont elle jouit depuis son bureau avenue de Bellevue – ça ne s’invente pas !
Elle pourrait se mettre en avant mais elle décide d’endosser le rôle d’écrivain-conseil. Écrire pour les autres, les aider à accoucher de leurs pensées avec les mots justes, ceux qui sonnent vrais, en accord avec leur personnalité. Du monde politique, en passant par le milieu médical, les départs à la retraite ou les mariages, Christelle n’est pas sectaire. Le « ghostwriting » n’a pas de frontière. Elle doit traiter d’un sujet qu’elle ne connait pas ? Et alors ? Des heures de recherche plus tard et elle est incollable sur la vie de Martine, la reine de la climatisation réversible.
S’approprier le vocabulaire, les tics de langage et les expressions de la personne est un challenge qui attire Christelle. Tel un caméléon, elle s’adapte à son interlocuteur et se mue en lui pour accoucher de son bébé littéraire. « C’est exactement ce que j’aurais écrit mais en mieux » est le plus beau compliment que l’on puisse lui faire.
Christelle Girard accumule les compétences
Des rencontres, encore et encore, en côtoyant des sportifs également, qui connaissaient des photographes, qui connaissaient des artistes, qui connaissaient …
Pourquoi faire de la pub alors que le bouche à oreille fonctionne à merveille ? Tout un réseau se crée autour d’elle et de sa plume magique.
Et puis cette slasheuse (NDLR : adepte du cumul des activités) entasse les cordes à son arc comme on collectionne les perles rares. Elle passe un diplôme de correctrice professionnelle, travaille avec diverses maisons d’édition, obtient la certification Voltaire qui sanctionne officiellement son niveau en orthographe et lui ouvre les portes de l’entreprise. Elle peut désormais intervenir comme formatrice sur les écrits professionnels, un champ des possibles énorme qui demande un grand sens de l’adaptation. Le sur-mesure occupe son quotidien et elle en est ravie.
Le trail entre dans la vie de Christelle Girard
Aux portes de la mort
Son existence aurait pu rester focalisée sur l’amour des lettres, mais la vie en a décidé autrement. Fin des années 2000, son lapin nain la mord et lui transmet une forme grave de la leptospirose. En quelques mois, cette maladie détériore ses organes vitaux et endommage durablement son foie. La vie en profite pour lui jouer un drôle de tour puisqu’elle tombe enceinte peu de temps après. Mais rien ne se passe comme prévu et elle est hospitalisée très vite en grossesse à risques pour de multiples épisodes hémorragiques. Son pronostic vital est engagé. A l’hôpital, elle regarde droit dans les yeux son compagnon et lui dit « si jamais je m’en sors, je courrai un marathon ». Non seulement elle s’en sort, mais elle donne naissance à Théo, grand prématuré mais en bonne santé et elle met son projet à exécution.
Les débuts de Christelle Girard baskets aux pieds
Cette ancienne sportive touche-à-tout connait des débuts difficiles à alterner marche et course pendant quelques minutes. Les progrès somme toute rapides l’emmènent à s’aligner sur piste et route dans son club d’athlétisme qui la cantonne sur des formats de 5 et 10 kilomètres qui ne l’épanouissent pas. La faute à son profil de gazelle longiligne.
Des amis la poussent hors du bitume (encore des rencontres). Elle y prend beaucoup de plaisir. Ses premiers trails se ponctuent par quelques podiums. Elle reçoit des retours élogieux mais ne rentre pas dans le jeu. L’essentiel est ailleurs. La course en nature comme un retour à soi, comme une connexion à son environnement, une découverte du monde qui l’entoure.
Christelle Girard obtient un premier contrat
Et pourtant de nouvelles rencontres vont la pousser hors de cet équilibre retrouvé lors d’un stage de trail blanc : « Et si tu participais à l’UT4M version Chartreuse 40k ? ». Emballée par l’idée, elle s’engage dans une aventure qui la place devant un nouveau mur : sa peur panique du vide. Comment surmonter cette boule au ventre et ce vertige incontrôlable lors de passages aériens rencontrés durant son premier week-end choc ? Comment dompter l’exposition dans les pentes abruptes quand on n’a jamais arpenté la montagne ? Jamais à cours de ressource, Christelle se tourne vers l’hypnothérapie et surmonte avec force courage cette terreur en apparence irrépressible.
L’UT4M arrive. Elle termine brillamment à la 4e place et se fait repérer par l’équipementier WAA qui l’intègre à son team. Sa sémillante tenue jaune et noir lui vaut le doux surnom de « bee » (NDLR : l’abeille en anglais). Bee comme son allure butineuse de trail ou son attitude d’ouverture au monde. Bee comme son état d’être. « Beerunneuse » devient son nom de scène. Elle crée un blog dans lequel elle rassemble ses talents de conteuse et de coureuse.
Globe-runneuse
Christelle ne se contente pas du format marathon en trail. Grâce à ses nouvelles couleurs, elle arpente le monde :
- 130 kilomètres sur les deux premières éditions du Half Marathon des Sables de Fuerteventura.
- 190 kilomètres au Mexique en compagnie des Raramuris (tribu mexicaine célèbre courant en sandales) sous un soleil plombant, des températures écrasantes, des passages vertigineux à franchir en ponts de singe et des rencontres autochtones peu recommandables. Tout cela alors qu’elle n’avait jamais dépassé 56 kilomètres !
- 250 kilomètres au Rajasthan et son ultra-run sauvage à chercher son eau et prévoir son ravitaillement, entourée d’une population locale prévenante et accueillante. Des rencontres inoubliables !
Évidemment, elle a depuis une dizaine d’année de nombreux autres faits d’arme. Son rêve ? Allier course et tourisme pour parcourir les 250 kilomètres de l’ultra-run de Mongolie. Avant même d’imaginer la préparation physique, il lui faut d’abord trouver des fonds.
Christelle Girard à la rencontre du yoga
La découverte
Et le yoga dans tout ça ?
Elle a commencé comme beaucoup, happée par la curiosité et l’envie, à suivre des cours hebdomadaires, parfois barrés, parfois perchés. Pas si simple d’adhérer au caractère sacré quand on arrive avec ses croyances et ses résistances.
Comme pour tout ce qu’elle entreprend, Christelle ne baisse pas les bras. Elle essaie différents courants pour découvrir celui qui lui convient le mieux.
Le Running Yoga
Une autre rencontre l’aidera à faire son choix : Alizée Lenaff, enseignante Running Yogis de la promotion 2018, lui rabâche que cette forme-là est faite pour elle. Après quelques tergiversations, elle découvre une forme moderne de yoga qui lui permet de pratiquer le running comme une thérapie et l’aide à surmonter les traumatismes parfois encore trop frais.
Elle se lance avec la promotion Paris 2021 et s’apprête à contourner les freins sanitaires en aménageant une salle de yoga chez elle, dans cette fameuse pièce magique avec vue sur la Seine. L’eau, cet élément purificateur, influe de son énergie sur son incroyable puissance créative. La demande est là et elle se tient prête à y répondre. « Tu es faite pour ça ! » la rassurent ceux qui ont eu la chance d’assister à ses premiers cours.
Des compétences complémentaires
Comme toute bonne slasheuse, elle décide de s’inscrire à une formation en Vinyasa Yoga. 200 heures de formation à distance cumulées à des ateliers en présentiel. Elle pourra officier dans les prochains mois. Et pour compléter son besoin de compréhension du corps humain, elle termine également un diplôme de préparatrice physique.
Des espaces s’ouvrent. Les pièces du puzzle s’emboitent pour donner à Christelle une nouvelle dimension et donner de l’espace à cette inépuisable source de vie qui bouillonne en elle : donner, partager et transmettre aux autres, par don de soi et par amour.
Juste magnifique!
Un grand merci Seb pour ce portrait touchant et inspirant.
Merci AM !!!
Un peu la pression d’écrire sur un écrivain
Quand 2 jolies plumes se rencontrent … les anges sont heureux ! Merci à tous les deux pour cet hymne à la vie ! Vous n’imaginez même pas ma joie de vous savoir dans cette drôle de famille Running Yogis !
Merci pour la rencontre OPSOMER !!!