GRP Ultra Tour 2022 arrivée

GRP Ultra Tour 2022 – Le récit – Episode 4 / 5

Cet article est le 4e épisode du récit du GRP Ultra-Tour 2022 débuté ici (1er) et poursuivi là (2e), puis là (3e).

On en était resté à Luz-Saint-Sauveur, la 2e base de vie, rejointe à bout de force après une nuit épique. Je suis affalé sur un des nombreux lits vacants de la salle de repos. Je n’ai plus une, mais deux tendinites à gérer et plus aucun tronçon ne va me laisser en paix : j’ai mal à la descente ET à la montée. De même, je ne peux plus marcher à plat.

L’épisode 4 nous emmène de Luz-Saint-Sauveur à Merlans, le dernier ravitaillement, après une halte à Tournaboup qui ponctue l’interminable surplomb de la vallée du Bastan. S’en suit la traversée de la réserve du Néouvielle en sens retour jusqu’au lac de l’Oule, l’épouvantail de cette 2e journée.

GRP Ultra Tour 2022 Le profil zoomé de Luz à Merlans

Où sont mes couleurs à Luz Saint-Sauveur ?

Je me réveille en sursaut en entendant ma maman demander au cerbère filtrant les accès au site si j’étais bien dans la salle de repos. Je la rejoins rapidement à l’extérieur et m’écroule sur le siège que papa et elle m’ont installé au soleil. Cette douce chaleur matinale me fait du bien.

Quel contraste avec la veille à Pierrefitte ! Je ne leur cache pas mon état, ni mes inquiétudes. Je ravale mes émotions dans l’espoir de ne pas les inquiéter et j’affiche une détermination non feinte à aller au bout. Ils sont extraordinaires comme toujours, sachant cette fois être délicats et à l’écoute. Je les trouve en forme et ça me fait du bien de les voir comme ça.

Au rayon des bonnes nouvelles, mes pieds vont bien. Après un soin, ils sont comme neufs. Mon appareil digestif ne tolère plus le solide mais le liquide passe bien – merci les soupes aux vermicelles ! Je me projette à voix haute sur la suite et 50 minutes plus tard, me voilà debout prêt à en découdre.

Mon papa filme mon départ et je me retourne en lui adressant des grands sourires.

On se retrouve dans 4 ou 5 heures !

GRP Luz Saint-Sauveur

A Tournaboup… tu vas au bout ? (GRP km 133)

La sortie de Luz

Sauf que quelques hectomètres plus tard, je craque. Toutes les larmes qui ne sont pas sorties à la base de vie se font la malle. Je suis dans un sale état et j’ai mal. Je laisse aller. Ça ne sert à rien de retenir. Les passants me regardent et me lancent quelques mots d’encouragement. Un baume pour le coeur. Tout est bon à prendre.

La côte s’annonce raide et je ne sais pas encore comment je vais la faire.

Je peux toujours faire demi-tour si je bloque, mes parents ne sont pas loin, il suffirait de… STOP !

Je ne renoncerai pas avant d’avoir tout essayé !

Comme après chaque arrêt depuis maintenant 17 heures, les douleurs occupent tout mon esprit et je fais des essais de posture pour les apprivoiser une nouvelle fois… Comme si tout le travail d’adaptation réalisé jusque là n’avait servi à rien. Je me mets à leur écoute pour voir comment elles réagissent à chacune de mes expérimentations.

La montée de la crête de Couret

Après quelques hectomètres, le releveur veut bien me laisser tranquille. Pour calmer la patte d’oie, je m’imagine marcher sur une ligne. On dirait un mannequin débutant défilant un lendemain de cuite. En ajoutant du rythme avec des petits pas, la douleur s’atténue puis disparaît.

Oh, je revis !

 

GRP Montée de la crête de Couret

Je vais donc pouvoir faire à peu près normalement cette montée. Des coureurs reviennent à quelques longueurs. L’un d’eux à des tapes multicolores lui masquant les genoux. Je ne dois pas être le seul à souffrir le martyr visiblement. Je profite de leur présence pour les précéder au même rythme.

J’ai déjà grimpé cette côte une demi-douzaine de fois et j’aurai la surprise de découvrir après la course que je vais battre mon record. Ça donne une idée de l’engagement mis : vraiment haut. Trop haut ? Certainement parce qu’arrivé sur la crête de Couret 700 mètres plus haut, je n’arrive pas à relancer et je me fais déposer par mes poursuivants.

Je me traite de tous les noms. J’ai grillé les quelques cartouches qui me restaient et revoilà les douleurs ! Insoutenables, intolérables.

Mais POURQUOI T’AS FAIT CA ?

GRP Montée de la crête de Couret

Le surplomb de la vallée du Bastan

J’essaie de courir mais c’est au-dessus de mes forces. Et pourtant pas question de faire les 11 kilomètres de pistes et de sentiers à flanc en marchant, je n’y arriverai pas. Alors je me force à nouveau. Je relance à chaque micro-descente. Quand je cours, je m’épuise, alors je m’arrête. Quand je marche, je boîte et j’ai mal, alors je recours.

Je vais tenir ce rythme pendant deux heures. Toujours à doubler des coureurs qui ne comprennent pas mon acharnement à relancer sans arrêt avec mon allure de zombie déséquilibré.

Non je n’ai pas un train à prendre. Je n’ai juste pas d’alternative.

J’ai la chance de bien connaître l’itinéraire et je ne baisse pas les bras. Je sais que c’est long. Parfois, sur un flanc, j’aperçois entre les arbres les coureurs sur l’autre versant, juste séparés de moi par un profond thalweg. Je sais qu’il me faudra une vingtaine de minutes pour être vers eux.

Arrivé à leur place, un enchainement d’avancées masquent les hectomètres suivants. Ça ne s’arrête plus. Nous faisons le tour de la montagne. Je me sers des magnifiques villages accrochés de l’autre côté de la vallée du Bastan comme points de repère. J’ai une certitude. J’avance.

GRP Le ruisseau du Rioulet

Divagations existentielles

Je m’occupe l’esprit en réalisant des opérations arithmétiques, en imaginant mes parents en train d’attendre ou mes amis dans leurs activités quotidiennes.

Où sont-ils ? Que font-ils ?

Qu’il est important ce quotidien ! Et si l’on prenait mesure de sa valeur grâce à des courses hors-norme comme celle-ci ? Et si c’était ça le vrai sens de ce GRP ? Quitter ce confort devenu invisible pour mieux en apprécier sa vraie saveur, sa vraie valeur ? Je ressens une profonde gratitude d’avoir un toit, de quoi vivre décemment, une famille aussi aimante, une compagne que j’aimerais tant avoir à mes côtés, là maintenant, des amis sincères.

Je me déleste de ces pelures d’oignon superficielles et les dépose ici et là au bord du chemin. Besoin de trouver un sens à tout ça…

L’arrivée de la chaleur

Les kilomètres passent et la température grimpe. Je plonge enfin dans la forêt alors que le mercure me monte à la tête. Je marche à l’ombre et retrouve un peu de lucidité. Le kilomètre de descente sur route jusqu’au pied de Tournaboup se fait en courant pour tout le monde. Chacun grimace. On fait un concours de lenteur. Je lâche un rire nerveux tant on ne ressemble plus à rien : des pantins désarticulés tentant de garder l’équilibre.

GRP Descente de la route de Lienz

C’est la dernière fois que je cours. Je ne pourrai plus, c’est sûr. Je n’ai plus rien dans le moteur. Ne pas réfléchir à la suite et m’accrocher à l’adage local : « à Tournaboup, tu vas au bout« .

Mon papa vient à ma rencontre sur les 400 mètres de faux-plat montant qui me séparent du ravitaillement et me permet d’oublier la douleur des tendons qui se réveille. Sa présence me fait du bien.

Tournaboup… Ne pas voir le fond du trou

Je m’écroule sur le fauteuil dressé par ma maman en marge du ravitaillement après avoir récupéré mon si savoureux bol de soupe aux vermicelles. Je la sens tendue. La faute à la place qui se remplit et les spectateurs qui font peu de cas de nous.

Tournaboup est la plaque tournante du GRP. S’y rejoignent les 3 ultras. A cette heure de la journée, se côtoient les premiers du 80 qui arrivent comme des balles, les derniers du 120 qui trainent leur misère et les coureurs du ventre mou de l’Ultra Tour qui ne sont pas mieux. La première femme du Tour des Lacs traverse le Barnum en courant sans même un regard aux bénévoles qui l’acclament. Un autre monde.

Ma maman n’en revient pas de mon rythme de progression.

Génial ! Tu es sur des bases de 41 heures !

Nous ne sommes pas dupe ni l’un, ni l’autre. Je vois dans son regard de mère inquiète ses interrogations sur ma capacité à repartir. Elle s’active pour me donner un peu d’énergie. Mon papa me répète que je connais la fin par coeur et que c’est un atout. J’ai envie de le croire mais je ne veux surtout pas me projeter. Je sais que le pire est à venir…

GRP Tournaboup

La montée de la Hourquette Nère… un calvaire (GRP km 142)

Jusqu’à Pountou

Je repars au ralenti. Je n’ai plus rien sous le capot. Ça ne m’empêche pourtant pas de rejoindre Jean-Paul qui est encore plus lent que moi. Et pourtant il affiche un visage serein. Pas d’affolement chez lui.

Je n’ai plus de cuisse. Je prends mon temps pour finir, me dit-il.

J’éprouve un grand respect pour lui. Lui gère ses douleurs, moi je cherche à abréger mes souffrances.

L’atmosphère est très sèche, voire étouffante. Je sens le soleil bruler ma nuque. Je suis bien content d’avoir gardé mes manchons sur les bras. J’ai chaud mais au moins la peau fragilisée par trop d’UV est protégée.

La première partie jusqu’à Pountou est facile. Un pas, puis un autre. J’ai cette ritournelle enfantine en tête : CHOU – FLEUR. J’avance le pied gauche, je dis CHOU. Une pause. Puis le droit, je dis FLEUR. Comme si l’un des deux pieds allait venir couvrir l’autre et crier « J’ai gagné« . Il ne fait aucun doute que FLEUR aura la victoire à tous les coups. Nouvelle preuve que mon être est fracturé en deux.

GRP Pountou

Les 1ères stations du chemin de croix

J’efface Pountou et le calvaire commence. Impossible de lever la jambe gauche pour franchir les cailloux. Alors j’engage la jambe droite, m’arc-boute sur mes bâtons et pousse sur mes bras pour faire passer ma jambe gauche à moitié morte. Et je recommence l’opération ad vitam aeternam.

Patience et application, Séb !

Parfois la jambe arrière cogne l’obstacle et m’arrache une grimace, si ce n’est un cri. Parfois, j’engage mal la jambe droite et le pied glisse sur l’appui précaire. J’évite la chute grâce à mes bâtons mais la colère monte et l’épuisement me guette.

La montée se fait par paliers et je ressens un profond soulagement quand la pente s’adoucit. A plat, j’arrive à gérer les obstacles sans trop me crisper. Je respire et essaie de me détendre avant le retour des pourcentages positifs.

Mon ami aux genoux décorés de tapes multicolores me rattrape. Il n’a pas l’air bien mieux. Je m’accroche à lui. Ne pas lever le nez. Juste me concentrer sur lui, trouver un rythme qui me fera progresser à sa vitesse et oublier la réalité de mes souffrances.

GRP montée vers Aygues Cluses

Et une fois de plus, ça marche. J’intègre des automatismes qui me permettent d’être plus confiant. Les chocs sur la jambe arrière se multiplient mais je garde en tête de conserver les 10 mètres d’écart. Trouver des subterfuges pour oublier la douleur. Faire diversion. C’est la seule option qui me reste.

Aygues Cluses (GRP km 139)

A ce petit jeu, nous atteignons le ravitaillement d’Aygues Cluses en deux heures. Pas si mal pour un éclopé. Je m’écroule sur le sol et regarde la table où sont disposés les victuailles. Je n’arrive pas à fixer mon attention. Ma vision est brouillée. J’entends parler de soupe, mon breuvage salvateur. Tel un Astérix abattu, j’attends ma part de potion magique avec avidité. Je vois des Obélix autour de moi. Ils ont l’air en forme. Ça doit être bien d’être tombé dedans étant petit.

Les discussions vont bon train. Derrière moi, une Obélix du 120 se permet de dire à un bénévole que la Hourquette Nère est facile. Mon sang ne fait qu’un tour. Je me retourne et lui balance :

Non, elle n’a rien de facile. Elle est très courte mais quand tu n’as plus rien dans le moteur, c’est l’une des plus dures à monter.

Interloquée, mon Obélix tourne les talons et reprend son chemin. De toute façon, pour elle ce sera facile.

L’horizon se bouche

Je profite du départ d’un train de coureurs pour m’accrocher au dernier wagon. Mais dès le contournement du lac de Coueyla Gran, une courte rampe à escalader me stoppe et je vois partir avec dépit mes ex-nouveaux amis sans moi. Je n’arrive même plus à pousser sur mes bâtons pour me hisser entre les rochers et le gymkhana me fait perdre beaucoup de temps.

GRP La Hourquette Nère

Quand la vue s’ouvre, j’ai une cinquantaine de mètres de retard et je vois mes acolytes lever le nez et ralentir. Certains même s’arrêtent. De là où ils sont, on aperçoit clairement la Hourquette Nère, un col enserré dominant un mur aride d’à peine plus de 200 mètres de dénivelé. Difficile de savoir par où passer tant les éboulis ont envahi le vallon. Je les rejoins en traversant le plateau tourmenté qui nous amène au pied. Je regarde une dernière fois le col et soupire un grand coup.

Je ne vois pas comment je vais trouver la force de monter ça…

A l’assaut de la Hourquette Nère (GRP km 142)

Au rayon clairsemé des bonnes nouvelles, ma douleur à la patte d’oie s’est tue avec l’enchainement des paliers. Merci l’Univers de me laisser une chance !

Dès les premiers mètres, on forme un groupe compact de quatre, comme des alpinistes s’encordant à leur prédécesseur pour ne pas dévisser. Je ferme la marche et j’entends l’ouvreur lâcher entre deux halètements :

S’il y en a un qui veut passer devant, faut pas qu’il hésite…

Réponses unanimes : nous sommes tous désolés pour lui mais c’est non, conscients de profiter de son sacrifice. Pourquoi ? Parce qu’étant placés derrière, il nous est possible de débrancher le cerveau pour ne rester concentrer que sur l’effort. De cette ascension, je ne me rappelle que des La Sportiva chaussant le coureur du 120 juste devant moi. Souvent, je les ai au-dessus de la taille. Ça vous donne une idée des pourcentages !

GRP Montée à la Hourquette Nère

Je ne les lâche pas d’une semelle. Parfois, elles prennent quelques mètres alors je cravache pour recoller en serrant les dents et en poussant comme un damné sur mes bâtons. Quand le col apparaît, nous nous écroulons tous au sol, nous regardant hagards. Je croise les yeux de l’ouvreur. D’un battement de cil appuyé, je le remercie. Il me répond d’un hochement de tête minimal. Nous ne sommes pas capables de plus.

Les cadavres s’accumulent autour de moi et l’ambiance d’hôpital de campagne ne m’inspire rien de bon. Il faut repartir.

Le retour à Merlans… aux tréfonds de la souffrance (GRP km 150)

Sur une jambe…

Qu’elle est brutale cette descente. Il faudrait la courir mais j’en suis incapable. Trop technique, trop pentue, trop tout. Je ne peux plus, tout simplement. La première dégringolade de rocher me rappelle à l’ordre : ma jambe gauche ne peut rien faire sans hurler sa mise en grève. Une décharge dans le bas tibia me paralyse. Il faut que je m’arrête pour reprendre mon souffle.

Je regarde avec effroi ce qui s’annonce : 5 kilomètres d’un chaos inextricable de rochers et de racines dans une descente tortueuse avec quelques passages acrobatiques à 20%. Je vois le lac de l’Oule, annonçant la fin du martyr. Il est si loin. Abattement…

GRP Vue sur le lac de l'Oule

J’ai réussi à trouver une solution pour tous les obstacles rencontrés jusqu’ici. Mais là, je ne sais plus faire. Jusqu’à l’entrée dans la forêt, je ruse en m’écartant du chemin et en trouvant des passages plus cléments entre les rochers, toujours en engageant d’abord la jambe droite et en laissant trainer la jambe gauche. Je suis de moins en moins lucide. Mon appui à droite se dérobe. Je glisse, je chute, je crie. Je me relève en pleurs. C’est insupportable. Et pourtant je ne suis pas au bout de mes peines…

La sapinière de Bastanet

L’entrée dans la forêt est le passage le plus barbare. Plus de dérobade possible. Je me retrouve face à des rochers d’un mètre de haut à descendre. Là ça ne ressemble plus à rien. Je jette les bâtons en contrebas, m’accroche aux branches d’un arbre et me lance tel un Tarzan unijambiste en priant pour que ma jambe droite rencontre un sol stable. La gauche ne sait plus quoi faire et s’enflamme à chaque franchissement.

Le salut viendra encore une fois des autres. Même estropiés, même défoncés, ceux qui me dépassent me montre l’exemple à suivre.

Quand tu ne sais plus, imite tes congénères.

En m’accrochant à eux comme une moule à son rocher, je détourne mon attention de ce corps qui hurle et offre à mon âme une respiration. Là où ils passent sur deux jambes, je dédouble la manœuvre en faisant la même chose avec ma jambe droite et mes bâtons. Laisser la jambe gauche en suspension et engager à fond le haut de mon corps pour contrôler mes mouvements. Sortir de cet enfer est tout ce qui m’importe.

Le lac de l'Oule
Le lac de l’Oule – Crédit randonnees-pyrenees-64.fr

Les derniers hectomètres sont plus doux. J’arrive à nouveau à reprendre une marche quasi normale. Ma jambe est en feu. Je pique du nez d’abrutissement. Je fais des tous petits pas pour ne plus envenimer la situation déjà bien critique. Le chemin est zébré de l’eau des ruisseaux alentours qui convergent vers le lac. Je patauge dedans et sens à peine mes pieds s’humidifier.

Le lac de L’Oule (GRP km 147)

La pente s’inverse. Je m’arrête quelques instants pour reprendre mes esprits. Que le niveau du lac est bas ! De la berge nord, on pourrait marcher des dizaines de mètres avant de rencontrer l’eau. Moi aussi, je pourrais fouiller longtemps en moi avant de trouver mon énergie. Elle doit être enfouie bien loin. J’imagine une pierre de sécheresse dans mon être sur laquelle serait inscrit « si vous me lisez, pleurez« . Son écriture est devenue lisible depuis bien trop longtemps. Je perds la tête. Repartir.

La remontée sur Merlans

Chaque pas est millimétré, dosé. Ne plus souffrir. En tout cas plus que de raison. Les quelques passages techniques sont décortiqués avant de m’engager. Je me fais doubler à droite, à gauche. Tous ces gens n’existent plus. Ce sont des fantômes.  Des dos, des bras désarticulés. Certains viennent haleter dans mon cou. Peine perdue, je ne bougerai pas. Des groupies viennent à la rencontre de leur idole et n’ont d’yeux que pour elle. Elles ne me voient pas, je ne les vois pas. J’entends parfois des voix s’égosiller. Est-ce pour moi ? Oui, non, peut-être. Je ne sais pas. Je m’en fous.

Le paysage s’ouvre. Nous montons en pente douce. Les spectateurs se font plus nombreux. Les applaudissements aussi. Je vois apparaître Merlans et son bâtiment magique.

Séb, tu y es !

Les larmes coulent sans que je ne puisse rien y faire.

GRP Restaurant Merlans

La fin de ce GRP Ultra-Tour 2022 est à retrouver dans l’épisode 5 qui nous mènera jusqu’à l’arrivée. Mais il faudra d’abord atteindre le col de Portet avant d’affronter la descente finale : 1500 mètres de dénivelé négatif avec une vue sur Vielle-Aure depuis le sommet, aussi insolente que décourageante quand on est essoré jusqu’à la lie.

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